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Hommage de Patrice Henrio à Jacques Lambert   

20/05/2022

L'hommage de son ami Patrice Henrio :

Adieu Jacques

J'ai d'abord une pensée émue pour ton épouse Monique qui t'a accompagné jusqu'au bout.

Jacques et Monique sont des amis avec qui on a plaisir à échanger. On se rencontrait au moins une fois l'an chez l'un ou l'autre, au Mans, à Château du Loir ou à Chéméré. Bien sûr la maladie de Jacques avait fait que nos rencontres s'étaient espacées, mais on s'appelait au moins une fois par mois pour prendre des nouvelles, voire réparer l'ordinateur pour que Jacques puisse continuer à jouer à ses wargames favoris.

J'ai connu Jacques il y a quarante ans. J'arrivais dans la Sarthe et il était président de la FFE. Je m'occupais depuis quelques années déjà de clubs d'échecs mais j'étais novice pour tout ce qui concerne l'administratif. C'est donc tout naturellement que nous nous sommes rencontrés.

Il m'a mis le pied à l'étrier pour tout ce qui concerne l'administration des échecs. On a créé ensemble le tout premier Comité Départemental du Jeu d'échecs de France (le CDJE72) en 1984, et pendant longtemps le seul, le premier Open International géré par un comité départemental en 1987. C'est lui qui m'a poussé à devenir arbitre à une époque où on en manquait singulièrement. Il m'a aussi inspiré dans ma carrière professionnelle, quand je suis devenu personnel de direction de l'Éducation Nationale : Jacques était principal de collège quand je l'ai connu, et ancien professeur de mathématiques. Nos parcours professionnels étaient donc parallèles.

Ce que je retiens d'abord de Jacques, c'est son optimisme. Malgré les épreuves qu'il a pu subir au cours de sa vie, et il n'a pas été épargné, il rebondissait toujours. Les événements aussi dramatiques qu'ils soient semblaient ne pas avoir prise sur lui. Quand je m'inquiétais du nombre de joueurs qui seraient présents à l'Open, il savait me rassurer : ses pronostics étaient toujours précis et exacts. Je ne l'ai jamais vu stresser pour un événement. Là où je me demandais comment on allait y arriver, lui semblait certain que cela ne poserait aucun problème, et il avait raison.

Il m'avait déclaré un jour où l'on discutait à bâtons rompus : « je suis fidèle en amitié ». Cette affirmation m'avait marqué et s'est révélée exacte toute sa vie. Mes enfants connaissaient bien Jacques et l'appréciaient beaucoup : Vous connaissez beaucoup de personnes qui, quand vous avez douze ans, vous laissent jouer toute l'après-midi sur leur flipper ?

Nous n'étions pas d'accord sur tout, bien sûr : en particulier, il nous arrivait fréquemment de nous chamailler sur la politique. Ce n'est que très récemment que j'ai appris que, contrairement à ce que je croyais, Jacques n'était pas si éloigné que cela de mes idées, mais l'un comme l'autre on avait plaisir à la polémique. Quand je me suis éloigné du monde des échecs, Jacques m'a conservé son amitié et nous étions souvent en contact.

Il se considérait comme un survivant et m'a déclaré il y a quelques mois avec sa verve habituelle « tout ce que je vis actuellement, c'est du rabiot »

Adieu donc Jacques et tu resteras toujours vivant dans nos mémoires.