Philidor, géant de l'Histoire (2)
19/02/2021
Quantité de rééditions du "Philidor" suivront tout au long du XIXe siècle, dont certaines proposeront une modernisation partielle, intégrant une notation algébrique longue alors que le traité original est écrit en notation descriptive (ex : Philidor écrit 1. Cf3 sous la forme "le Cavalier sur la troisième case du Fou de son Roi", que l'on peut écrire aussi 1. Cg1-f3). Puis, au XXe siècle, plus rien !
Quelques fac-similés (copies directes) certes, mais pas de remise en forme, ce qui laisse toute une génération de joueurs passionnés sur leur faim. Pour lire le Philidor au XXème siècle, il faut soit apprendre la notation descriptive très lourde, soit se contenter d'éditions plus rares avec très peu de diagrammes et où les commentaires sont toujours, comme dans l'original, relégués en fin de partie obligeant le lecteur à tourner les pages à chaque note.
"Philidor nous explique le jeu comme s'il était avec nous et c'est, je le crois, un des meilleurs manuels échiquéens de tous les temps"
Pourtant Philidor est toujours là, sa lumière brille toujours, et avec une intensité qui ne faiblit pas ! Que ce soit dans la défense Philidor que le GMI Christian Bauer a remis au goût du jour, dans la fameuse "position de Philidor" de la finale Tour et Pion contre Tour, ou dans la plus rare mais non-moins importante finale de Philidor Tour et Fou contre Tour, que même Svidler n'a pas réussi à défendre face à Carlsen au Championnat du Monde de Blitz de Moscou 2010 (où l'on voit comment Carlsen obtient finalement la position gagnante de Philidor !). Mieux, la Fédération Française des échecs remet annuellement des "Philidors", et beaucoup de clubs portent encore le nom du grand fondateur.
J'ai voulu lire le Philidor comme on lirait un manuel moderne, et ne trouvant pas ce que je cherchais, je me suis donc décidé d'en réaliser une nouvelle édition entièrement modernisée en notation algébrique condensée et agrémentée de centaines de diagrammes, un tous les 4 à 5 coups, permettant une lecture aisée, y compris sans échiquier. Quelques rares traductions de formulation du Français du XIIIe siècles ont aussi été nécessaires, outre la traduction algébrique, mais tout y est, Philidor nous explique le jeu comme s'il était avec nous et c'est, je le crois, un des meilleurs manuels échiquéens de tous les temps.
Sans doute parce que l'époque où parle Philidor l'oblige à être très proche des éléments fondamentaux, mais aussi parce que sa méthode pédagogique qui consiste à commenter abondamment les coups dans une série de 11 parties complètes et plus de variantes encore, ainsi que les 13 finales essentielles, en font une somme complète pour qui veut pouvoir tout trouver dans un seul manuel. Bien sûr les débuts de parties sont limités, car conformes à l'époque (beaucoup de Gambit du Roi !), mais on n'apprend pas les Lois du jeu ni les mats élémentaires par l'apprentissage des ouvertures.