Histoire de la FFE (de 1921 à 2009)
19/02/2021
Record de longévité pour Pierre Biscay
En 1932, Tauber, qui aura réalisé l'exploit de réanimer la FFE, passe le flambeau à Pierre Biscay (photo), un industriel qui avait la passion des échecs et qui avait remporté le championnat de France des solutionnistes en 1928.
Pierre Biscay gardera la présidence pendant 23 ans, ce qui fait de lui le détenteur du record de longévité à la tête de la Fédération. C'est lui qui aura la délicate mission de diriger la FFE pendant les années noires de la 2e guerre mondiale et de l'occupation.
En novembre 1944, la revue de la Fédération paraît à nouveau. " Notre bulletin sort enfin du silence qui lui était imposé et réapparaît au grand soleil de la France libérée par l'héroïsme de notre jeunesse et la puissance de nos alliés ", écrit Pierre Biscay. " Tenue depuis quatre ans à une quasi-clandestinité, la FFE a cependant établi des fondations solides. Sans autorisation, des animateurs ont créé des cercles dans des conditions souvent difficiles : effectif sans cesse réduit par les déportations, activité interdite par l'ennemi, matériel détruit par les bombardements. Bravant les interdictions, le comité a publié des communications qui, certes, ne pouvaient prétendre remplacer une revue mais qui ont maintenu un lien entre tous nos membres. Mais l'action obscure de ces dernières années va s'épanouir en une floraison de cercles prospères de jeunes joueurs de valeur. Avec l'appui des ligues, la Fédération, dont le bureau s'est rénové, coordonnera cette activité, encouragera les initiatives et réalisera le programme vaste et hardi qu'il s'est tracé ".
Mais cette belle déclaration ne restera qu'un voeu pieu. Dans les années cinquante, le nombre de licenciés stagne à 2.000, au même point que 25 ans en arrière. Le championnat de France reste la seule compétition officielle organisée par la Fédération. Et mis à part Alekhine et Tartakover accueillis par la France, la FFE n'a toujours pas réussi à former son élite mondiale.
La FFE s'installe en province
A la suite des 23 années de présidence de Pierre Biscay, la Fédération va connaître une période d'instabilité : de 1955 à 1962, quatre présidents se succéderont.
Lorsque Paul Garet démissionne en 1962, la FFE subit sa 2e crise, après celle de 1928, qui faillit bien lui être fatale. " Les premiers présidents de la Fédération furent tous Parisiens ", raconte Jacques Lambert, lui-même président de 1976 à 1987. " C'est là que se tenait le peu de prestige attaché aux échecs, et surtout là qu'on trouvait les mécènes capables de boucher les trous financiers. Mais en 1962, la situation était si désastreuse qu'aucun Parisien ne se proposa. Pour la seconde fois, la FFE était à genoux. Et les Parisiens élirent un provincial, le docteur Augeix, afin de laisser à cette province méprisée la responsabilité de la catastrophe ".
Mais un second miracle se produisit après celui de 1929. Pierre Augeix, qui était médecin de la SNCF et avait de fait la gratuité des transports, prit son bàton de pèlerin pour aller porter la bonne parole dans les ligues, et réussit à fédérer la province. Pour la première fois, le siège fédéral quitte la capitale pour s'installer à Laon.