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Georges Renaud, 1er Champion de France (4)    

19/02/2021

En 1923 la FFE comptait 150 membres isolés et 28 cercles soit environ 900 membres au total. (Source Bulletin de la FFE) « Pourquoi y a-t-il si peu de joueurs d'Echecs en France » était la question posée par Fernand Gavarry, successeur d'Henri Delaire à la Présidence. Le Président voulut empoigner le problème avec une initiative qui n'a toujours pas rencontré beaucoup d'échos à ce jour, introduire les échecs dans le programme des Jeux Olympiques de Paris 1924. Mais il se heurta à un refus catégorique car le programme ne pouvait être modifié sans l'aval d'un Congrès Olympique, seul juge, convoqué préalablement par le Comité Olympique International à Lausanne.

Dans « La Stratégie » de juillet 1923, Georges Renaud apporta la réponse suivante à cette question pertinente :

« A notre sens pour deux raisons: la première est qu'il court, dans les familles, dans les cafés, partout une légende absurde. Propagée par des chroniqueurs ignares, elle tend à faire croire que la pratique des échecs est très compliquée et qu'elle exige des qualités intellectuelles de tout premier ordre. Le profane croit que la marche des pièces demande des mois pour être comprise et s'imagine, de bonne foi, qu'une partie ordinaire dure plusieurs heures… Ils ignorent que les neuf dixièmes des amateurs de cercle ou de café font quatre parties dans l'heure et jouent aux échecs sans plus réfléchir que pour une partie de manille ou de jacquet, sans la moindre fatigue cérébrale; ils ne savent pas que, sauf en période d'entraînement ou de tournoi, nombre de forts amateurs jouent « avec leurs mains » comme dit Alekhine en parlant des simultanées et non pas avec leur tête. Bref, ils ignorent que, compris d'une certaine façon, le jeu des échecs est une distraction pas plus fatigante que les dominos.

La seconde est que l'on n'enseigne pas le jeu des échecs. Vous allez répondre qu'il existe de nombreux traités, accessibles à toutes les bourses. Parfait mais, du jour ou un adolescent a ouvert un manuel d'échecs, il est gagné à notre cause et il n'y a pour ainsi dire pas d'exemple d'amateur renonçant au jeu après l'avoir étudié dans les livres. La difficulté c'est précisément de faire ouvrir un livre d'échecs à un néophyte… »

De nos jours, les outils informatiques et Internet ont considérablement facilité l'apprentissage des échecs. C'est devenu beaucoup moins « arides et quelque peu rebutants qu'étaient les manuels d'échecs ». Par contre, sur le plan de la popularité notamment sur le plan médiatique le combat n'est toujours pas gagné si l‘on en juge à l'aune du dernier match Carlsen-Anand qui vient de se terminer. A part la presse spécialisée, il s'est joué dans un silence assourdissant.

Je tiens à remercier le Musée du Jeux de La Tour-de-Peilz pour m'avoir permis de consulter l'importante bibliothèque de feu Ken Whyld. www.museedujeu.com et le site de Dominique Thimognier http://heritageechecsfra.free.fr

Georges Bertola